Karl-Ludwig Poggermann - looking into the black revolver-muzzle of Frank: "People scare better when they're dying."

Changements et projets pour 2018

Disparition

Le 9 janvier 2017, je mettais en ligne un article sur l’inavouable quête du succès. Auparavant, j’avais publié seulement trois billets de blog au cours de l’année 2016. De mois en mois, ma présence sur les réseaux sociaux diminuait jusqu’à devenir inexistante. Seul Cyril Godefroy faisait encore exister mes textes, en me faisant l’honneur de les transformer en audiolivres.

Je n’y croyais plus. Après plus de trois ans passés à publier et promouvoir mes romans de jeunesse, j’avais acquis la conviction que rien n’arriverait au-delà des quelques commentaires positifs recueillis par Le sachet de bonbons. J’avais, comme la plupart des indépendants, vendu quelques poignées d’ouvrages, mais sans atteindre le but que je m’étais fixé au départ.

Je n’avais pas la naïveté de croire que mes livres auraient mérité un meilleur sort. Je n’avais pas envie de me trouver des excuses. Une seule chose m’importait : si je continuais à écrire le genre d’histoires que j’avais publié jusque-là, j’allais demeurer un auteur qu’on ne lit pas.

Pause

Je me suis remis à lire, ce qui ne m’était guère arrivé depuis longtemps. À ma grande surprise, les livres qui s’entassaient sur mon chevet n’étaient pas des romans de science-fiction, mais des polars. J’ai découvert Jussi Adler Olsen, Stieg Larsson, Fred Vargas, Franck Thilliez, Michael Connelly, Harlan Coben, Lisa Gardner et bien d’autres. Je me suis plongé avec gourmandise dans de sanglantes histoires de tueurs en série, de crimes passionnels et de femmes en danger (« women in jeopardy »).

Évidemment, il n’a pas fallu longtemps pour que me vienne l’envie d’écrire un roman appartenant au genre que je venais de découvrir. J’ai rempli plusieurs dizaines de pages d’un carnet avec des idées de débuts, sans arriver à me mettre à écrire. Je devais admettre que mon ignorance du travail des policiers et du déroulement d’une enquête criminelle limitait considérablement l’étendue de mon imagination.

Rencontre

J’ai commencé à me documenter. J’ai fait feu de tout bois : vidéos en ligne, témoignages d’anciens flics, essais graphiques sur une immersion au 36 quai des Orfèvres. J’ai acquis quelques connaissances générales sur la procédure, mais il me manquait encore l’essentiel.

C’est alors que j’ai rencontré Frank Martin. Je me trouvais à l’Esperluète, la plus belle librairie indépendante de Chartres. Je venais de demander au libraire de l’étage s’il pouvait me conseiller des livres sur le travail des policiers quand un client m’a demandé ce que je cherchais exactement. Je lui ai expliqué le motif de ma recherche. Il m’a révélé qu’il était un ancien flic et un lecteur avide de romans policiers et d’ouvrages documentaires sur le sujet. Il m’a proposé de le recontacter quelques jours plus tard, afin de lui laisser le temps de chercher dans sa propre bibliothèque des ouvrages qui pouvaient me convenir.

Un projet

C’est ainsi qu’est née une collaboration qui allait donner naissance, six mois plus tard, à mon premier polar. Je posais des questions à Frank par courriel et ses réponses me permettaient d’élaborer mon intrigue, scène après scène. En parallèle, je menais des recherches incessantes pour ancrer mon récit dans la réalité, plutôt que d’imaginer une intrigue romanesque dans un monde très éloigné de mon quotidien.

Jamais je n’ai autant appris. Loin des clichés des séries télévisées, j’ai découvert le vrai travail de la police, le déroulement d’une procédure, la paperasse, l’excitation d’un flag’, les relations avec le parquet et avec la hiérarchie, le charme anatomique et odorant de l’autopsie, l’art délicat de l’interrogatoire, etc. J’ai conscience de n’être encore qu’un débutant, mais Frank m’a enseigné les bases de son boulot, m’évitant de reproduire sans examen les clichés et les erreurs qui accompagnent si souvent le polar.

Des billets

Outre mon roman à paraître, j’ai très vite proposé à mon informateur de mettre en forme et de publier sur mon blog les informations précieuses qu’il me prodiguait. J’avais l’idée que d’autres pouvaient en faire un meilleur usage. Je ne voyais aucune raison de garder pour moi des connaissances susceptibles d’améliorer tout roman policier. Plus tard, pourquoi pas, ces informations pouvaient faire l’objet d’un livre.

Vous verrez donc paraître ici des billets co-écrits avec Frank Martin, sur des sujets aussi indispensables que la garde à vue, l’agencement d’une brigade de la gendarmerie, les diverses procédures en cas de découverte d’un cadavre ou la différence entre un fonctionnaire et un vrai flic.

Bonne année 2018

Je souhaite donc à tous les lecteurs de ce billet une bonne année littéraire 2018, pleine de romans impossible à lâcher, de cadavres atrocement mutilés, d’énigmes et de retournements. Mes bonnes résolutions sont de vous donner plus de nouvelles que l’an dernier et de vous offrir des lectures à la fois divertissantes et conformes à la réalité.

Articles récents