Depuis plusieurs années, les logiciels d’aide à l’écriture se sont multipliés, offrant une palette de fonctionnalités relativement similaires et destinés à l’écriture de scénarios, de romans ou de textes en général. Hélas, la plupart de ces logiciels ne possèdent pas de version française, ce qui rend leur accès difficile pour la plupart des utilisateurs francophones. Cet article décrira Scrivener, que de très nombreux auteurs considèrent comme le meilleur, et qui présente l’avantage incomparable d’être traduit dans notre langue. Je précise d’emblée que Scrivener est payant (40 € environ).
La concurrence (sur Windows)
Je présente ici quelques-uns des logiciels d’aide à l’écriture concurrents de Scrivener. Pour la plupart, je ne les ai pas essayés.Je renvoie donc les intéressés à des articles qui les évoquent avec plus de détails : un article de Lionel Davoust et la page de liens de Litterature & Latte, l’éditeur de Scrivener.
- Writing Outliner : une copie de Scrivener. Demandez l’original.
- Liquid Story Binder XE : Idée similaire à celle de Scrivener, mais plus complexe d’utilisation.
- Writer’s Cafe : Simple, d’une interface un peu sommaire, ce logiciel aide l’auteur à s’organiser.
- Ommwriter : Davantage un environnement d’écriture sans distraction qu’un logiciel d’aide à l’écriture. Scrivener permet également l’écriture sans distraction.
- PageFour : Idée très proche de celle de Scrivener.
- NewNovelist : Logiciel rigide, imposant de diviser l’écriture en douze parties, selon un modèle impossible à changer.
- Outline 4D : Plus un gestionnaire d’idées (outliner) qu’un logiciel d’aide à l’écriture.
Pourquoi choisir Scrivener ?
La plupart des auteurs commencent par écrire sur un traitement de textes, disposant d’une foule de fonctions inutiles dont beaucoup relèvent de la mise en page. Mais l’écriture d’un roman, d’une pièce de théâtre, d’un scénario de film ou d’un ouvrage pratique engendre beaucoup de documents secondaires, dont la manipulation se révèle vite délicate.
Un exemple concret : vous écrivez un roman, premier d’une série, situé dans un monde imaginaire. Vous avez soigneusement écrit la biographie de vos personnages, des descriptions des lieux, un synopsis détaillé et peut-être des notes dramaturgiques sur le retournement dramatique présent dans une scène. Votre travail vous amènera par ailleurs à effectuer des recherches, par exemple sur la culture de la vigne ou le travail du forgeron. Dans le cours de votre écriture, vous accumulerez aussi différentes versions d’un chapitre ou d’une scène. Enfin, vous aurez besoin d’écrire quelques notes de réécriture, qui vous serviront quand vous relirez un passage.
Dans un traitement de textes, chaque note, fiche ou document existera sous la forme d’un fichier individuel. Vous pourrez parfois accéder à plusieurs fichiers dans les onglets du logiciel, mais ils demeureront séparés et vous serez obligés de les ouvrir séparément. Cette manipulation de fichiers, peu propice à la gestion de vos idées, entraînera en outre de nombreuses distractions et pertes de temps.
Dans Scrivener, ces divers documents sont intégrés dans la structure même de votre projet, correctement classés dans des dossiers accessibles en un seul clic. Tous les renseignements dont vous avez besoin accompagneront votre écriture jusqu’à la fin et pourront aisément être exportés, partagés, réagencés en fonction de vos besoins.
Deuxième avantage : cette masse de documents, de notes, de fiches et de scènes peut aisément être mise en ordre pour créer une compilation sur mesure. Par exemple, vous pouvez décider de créer un document final à partir d’un groupe de variantes, que vous activez ou désactivez en un clic.
Scrivener : l’interface et les fonctionnalités
L’espace de travail
L’espace de travail principal de Scrivener se compose de deux ou trois parties (il est possible de désactiver l’inspecteur) :
- à gauche, un explorateur de dossiers (Binder) et de fichiers internes au projet ;
- au milieu une fenêtre permettant la visualisation des fichiers du livre, du chapitre ou du dossier sous la forme de fiches (le babillard), l’écriture d’une scène ou la visualisation du roman dans sa continuité ;
- à droite l’inspecteur, permettant de garder sous les yeux le synopsis de la scène, les métadonnées (étiquettes, statut) et les notes.
Ajoutons à ces trois partie la barre des menus et les icônes d’accès rapide, parmi lesquelles se trouvent deux fonctions essentielles : Mode plein écran et Compiler.
Le gestion des idées, des recherches, des fiches et des synopsis
L’explorateur de Scrivener (colonne de gauche) est structuré comme un trieur, comportant des dossiers, des sous-dossiers et des fichiers. Un chapitre, par exemple, sera le plus souvent un sous-dossier réunissant un certain nombre de scènes.
Quand vous cliquez sur ce dossier, son contenu apparaît sous la forme de fiches posées sur un tableau de liège (vous pouvez changer l’image d’arrière-plan.) Comme des fiches cartonnées, celles-ci possèdent une partie supérieure, destinée à recevoir le titre, et une partie inférieure où vous écrivez le texte de la fiche. En pratique, ce texte représente la partie du synopsis couverte par la fiche.
On peut attribuer à chaque fiche une catégorie (Fiche de personnage, Scène, Fiche de lieu, etc.) et un statut (Premier jet, Deuxième jet, version révisée, etc.) Les catégories ajoutent des indications colorées au coin des fiches. Les statuts, quant à eux, s’affichent en travers du texte. Grâce à cette couche visuelle, l’organisation de votre dossier est immédiatement visible, avec la possibilité de modifier très facilement le disposition des objets.
Quand vous cliquez sur une fiche ou un dossier, les synopsis ou résumés des chapitres et des scènes demeurent visibles, mais ils apparaissent désormais en haut de la partie droite de l’interface.
Le traitement de textes
Scrivener dispose des fonctions de base d’un traitement de textes. Styles, polices, alignement, surlignage, tableau, listes numérotés, correction orthographiques : l’essentiel s’y trouve, même si les habitués de Word ou de LibreOffice risquent de se sentir un peu à l’étroit. Il faut bien avouer que sur ce point, Scrivener mériterait d’être davantage développé.
Le mode plein écran
Comme plusieurs de ses concurrents, Scrivener propose un mode plein écran, permettant la frappe au kilomètre sans distraction. Le texte apparaît alors tout seul, et les fonctionnalités sont accessibles par le biais d’une barre inférieure rétractable. Vous pouvez également choisir une image de fond d’écran, afin d’agrémenter et de personnaliser votre expérience d’écriture.
L’importation et l’exportation des documents
Les capacités d’importation de Scrivener sont relativement limitées :
- Fichiers word (.doc, .docx, .dot)
- Fichiers Final Draft (.fdx)
- Fichiers HTML
- Format multimarkdowd (.mmd)
- Fichiers Open Document (.odt, .ott)
- Fichiers texte simple (.txt)
- Fichier texte enrichi (.rtf)
- Fichier OPLM ou Mindmap
Une innovation intéressante : un texte peut être importé et fractionné automatiquement en chapitres ou scènes. Il suffit pour cela de choisir un caractère qui indiquera l’endroit où le fichier doit être fractionné et de le placer entre chaque partie.
Les compilations
Une fois vos différentes parties rédigées, vous pouvez avoir envie de les lire sous la forme d’une continuité. Le logiciel vous permet de prévisualiser ce texte suivi à l’écran, en y incluant toutes les scènes que vous avez choisies.
Il est également possible de compiler le texte en lui donnant une forme définie, comme celle d’un manuscrit standard, d’un livre de poche, d’un ebook, d’un scénario ou de tout autre forme que vous définissez. Après avoir choisi la forme, vous pouvez également choisir le format du fichier.
Adaptable à l’infini
Personnalisation de l’interface et des dossiers
Dans Scrivener, un grand nombre d’éléments peuvent être personnalisés :
- les couleurs ;
- les polices ;
- l’image d’arrière-plan du babillard ;
- la barre d’outils principale ;
- la taille relative des fenêtres ;
- la disposition, le nom, l’icône de chaque dossier ;
- les contenus par défaut ;
- les catégories et les statuts.
Vous pouvez réellement vous composer un environnement de travail qui vous ressemble, et le sauvegarder ensuite sous forme de modèle, ou bien adopter un environnement différent pour chaque projet.
Sauvegarder sur Dropbox
Scrivener sauvegarde automatiquement les projets dans un dossier spécifique contenant tous les fichiers correspondant. Il effectue également une sauvegarde de ces fichiers et dossiers sous un format compressé à chaque fermeture du projet.
Vous pouvez choisir l’emplacement de cette sauvegarde compressée sur votre ordinateur. Si vous craignez de perdre vos précieux fichiers, vous pouvez ouvrir un compte Dropbox, installer le logiciel pour PC et diriger la sauvegarde Scrivener vers le dossier Dropbox de votre ordinateur, qui sera automatiquement synchronisé avec votre compte.
Où trouver Scrivener en français ?
Litterature & Latte n’a pas traduit son site en français, et ne communique pas sur les langues disponibles. Le français en fait pourtant partie, sans obligation d’installer un fichier de traduction. Vous pouvez modifier la langue dans le menu Tools (Outils) > Options.
Voici la page d’achat (39,15 € à l’heure où j’écris ces lignes) de Scrivener pour Windows :
Scrivener existe également en version Mac et Linux (Merci Azel Bury).
Il est également possible d’essayer le logiciel avant de l’acheter :
https://www.literatureandlatte.com/trial.php
Mon cadeau : un modèle Scrivener en français
J’ai longtemps cherché comment partager un modèle sur Scrivener. Comme toujours avec ce logiciel, la fonction existe, même si elle ne fait pas partie de celles que l’interface rend facilement accessibles. Voici le chemin pour intégrer mon modèle à votre logiciel :
Fichier>Nouveau projet>Boutons « Options » en bas à gauche de la fenêtre>Importez des modèles
Vous accéderez alors à une fenêtre qui vous permettra de choisir le fichier.